Ce que je sais de la CEDEAO et des coups d'état militaire au sahel.
Il convient tout d'abord pour moi de rendre un vibrant hommage aux victimes de la barbarie humaine en l'occurrence des actes terroristes et inhumains qui ont depuis longtemps fragilisé la stabilité et le développement de l'Afrique. Tel qu'il est du devoir de chacun de contribuer d'une manière ou d'une autre à l'épanouissement de sa nation. Il en est de même pour le partage d'avis autour d'un thème aussi indispensable que crucial pour l'avenir d'un continent si prometteur.Le peuple africain est dûment confronté à toutes les calamités du monde on pourrait dire. Des classes les plus défavorisées aux chefs d'état en passant par les intellectuels, il est à la recherche désespérante de ce changement profond et positif auquel il aspire depuis toujours. Ici, il est question des traditionnels coups d'état militaire en Afrique, particulièrement au sahel, qui ne sont plus à présenter. Même s'ils sont anticonstitutionnels ou encore criminels, ne relèvent-ils pas d'un mal profond qui persiste ? Les pays de la région du Sahel, situés en Afrique de l'Ouest, ont été témoins d'une série de coups d'Etat au cours des dernières années. Bien que ces événements politiques soient préoccupants, il est essentiel de comprendre les causes profondes qui les sous-tendent.
Pourquoi et toujours des coups d'état militaire ?
L'an 1960 représentait pour tout le peuple africain, un soleil nouveau. Un symbole de l'espoir après des années de servitude et de calvaires sous le joug colonial. Les colonies accédaient en grande partie à l'indépendance, disons ils avaient enfin le choix entre être servi et ne pas être libre; et être libre et ne pas être servi. Un jeu dangereux aussitôt assimilé par les futurs pères des indépendances, mais auquel ils se sont livrés pour certainement pouvoir dire au reste du monde: " Nous sommes indépendants ". Un seul se rebelle, fait le choix le plus difficile et ne veut pas jouer au jeu. Il choisi la deuxième option: être libre et ne pas être servi. Il était donc possible de voir de très près que l'accession des anciennes colonies française à la prétendue indépendance aurait fait rester autant de séquelles que de regrets pour les générations futures. 19 Novembre 1968: Huit années après l'accession du Mali à l'indépendance, le père fondateur de la république du Mali, père de l'indépendance, Modibo Keita est arrêté par de jeunes putschistes militaires, de retour d'un voyage diplomatique. La crise économique menant à une petite grève des commerçants seraient à l'origine du putsch selon les militaires. Moussa Traoré, l'auteur du coup, un jeune lieutenant de 32 ans prend le pouvoir pendant 23 ans de dictature militaire avant d'être renversé à son tour par Amadou Toumani Touré lors du soulèvement populaire de Mars 1991. Ce dernier tombe aussi en Mars 2012 tout comme son prédécesseur face à la menace de la rébellion du nord. De 2020 à 2022, un double coup se produit entre celui d'IBK et de Ba N'daw. 1974: Hamani Diori, aussi qui porta le Niger vers l'indépendance est renversé par Seni Kountché pendant un coup d'état militaire. Une succession de putsch sont observés après l'instauration de la démocratie en 1993,notamment en 1996, 1999, 2010 et 2023. Bref, je m'arrête là, elles sont tellements nombreuses à remplir un cahier d'histoire, ces dates. Je prends l'exemple de ces deux pays dont l'histoire est encore la plus jalonnée de coups d'état successifs. Ceci n'est qu'un simple rappel de faits passés déjà connus. Mais la question est la suivante: pourquoi tant de coups d'état militaire répétitifs et stériles ?
La mauvaise gouvernance ?
Dans de nombreux pays de la région, les dirigeants politiques ont échoué à répondre aux besoins fondamentaux de leur population, tels que l'accès à l'éducation, aux soins de santé et à l'emploi. Ces crises mêlées à la corruption et au népotisme affaiblissent les institutions étatiques, accroissentt les inégalités et minent la confiance du peuple envers ses dirigeants. Lorsque les citoyens sont frustrés par l'incompétence et l'indifférence de leurs gouvernants, ils sont plus enclins à soutenir des mesures radicales, y compris les coups d'État. À l'annonce d'un renversement de régime, on se demande certainement comment le chef de l'état assurait son pouvoir. Sans se voiler la face, nous pouvons admettre qu'il y ait un risque élevé d'être déchu de son pouvoir par des militaires quand on dirige mal le pays. Il est alors logique de constater que la quasi-totalité des putschs en Afrique sont soutenus par la population: car ils en avaient marre! Ibrahim Boubacar Keita, président de la République du Mali est démocratiquement élu en 2013. Malgré la décroissance du pouvoir economique, et les grêves de syndicats; l'insécurité grandissante au sahel avec une mêlée de rébellion de l'Azawad, terrorisme et guerres communautaires. Il parvient à survivre face à la colère intérieure des populations. Il se présente en 2018 et brigue un deuxième mandant, ce qui va lui valoir une fin de course à la gouvernance, tragique. Il fut pour pour le peuple malien, un modèle de chef d'état qui a été incapable de trouver une solution aux crises qui détruisaient à petit feu le pays.
L'insécurité grandissante ?
Une autre conséquence de la mauvaise gouvernance: l'insécurité croissante. Les groupes terroristes et les milices armées exploitent les faiblesses des gouvernements locaux pour étendre leur influence et mener des opérations violentes. Les populations locales sont victimes de violences, de meurtres et de viols, ce qui crée un sentiment d'insécurité généralisé. Face à cette menace, certaines factions militaires ne voient-ils pas les coups d'État comme un moyen de rétablir l'ordre et de lutter contre ces groupes armés? Ou encore même les conditions dans lesquelles vivent leurs camarades militaires de plus en plus exposés au danger et qui semblent voir en face une victoire incertaine sur l'ennemi. L'incapacité de l'État à garantir la sécurité et à protéger leurs citoyens face à la menace terroriste contribue à une perte de légitimité. Les populations locales peuvent se sentir abandonnées par leurs dirigeants et ne pas percevoir d'efforts suffisants pour faire face à l'insécurité grandissante. Dans ce contexte, certains segments de l'armée peuvent être tentés de prendre le pouvoir par la force,présentant le coup d'État comme une solution à l'instabilité et à l'inefficacité gouvernementale. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso. 3 pays en proie à des actes terroristes au quotidien. 3 pays connus pour avoir été dirigé par des militaires tout au long de son histoire, car certainement les dirigeants de ces pays respectifs, élus par le peuple ont été impuissants face à la flambée du terrorisme.
Des intérêts personnels ?
Une parenthèse pour souligner que malgré les causes immédiates des putschs du Sahel élucidées ci-dessus, certains putschistes semblent avoir pris le pouvoir sans une cause valable. Analysons de près le putsch de 1968 contre le président Keita, dans un Mali, qui même affaibli par des déséquilibres économiques et monétaires parvient à résister aux dérives dont peuvent découler de ces problèmes. L'autosuffisance et la production agro-alimentaire est l'un des premiers objectifs du régime en place. De nombreuses usines voient le jour en moins d'une décennie. Des réformes socialistes ambitieuses en vue de moderniser l'économie malienne et améliorer les conditions de vie d'une population qui vient de vivre les calvaires de la colonisation. Un 19 Novembre de retour d'un voyage diplomatique de Mopti, il est arrêté par de jeunes militaires et déporté au nord du pays où il mourut plus tard dans des situations pénibles. L'économie du pays en dégradation due à la dévaluation du franc malien ou encore même 《l'autoritarisme de Keita》à travers les répressions politiques, les arrestations arbitraires des opposants, seraient les causes de son renversement inqualifiable. Ne serait-ce même son orientation politique en pleine guerre froide, vu que Keita a toujours montré sa préférence de la gauche socialiste ? Moussa Traoré, le successeur de Keita vu comme étant celui qui pourra restaurer l'ordre politique et économique, se converti en dictateur et règne sur le pays pendant deux décennies avec la force. Le 15 Octobre 1987, pendant que Sankara tenait une réunion avec des responsables du gouvernement, des coups de feu retentissent dans l'enceinte du palais. Quelques minutes plus tard il est sauvagement assassiné dans un bain de sang avec quelques-uns. Un renversement de pouvoir est opéré, il s'agit d'un putsch préparé par son intime ami et frère d'arme Blaise Compaoré. Des révélations montrent que des différends personnels étaient observés entre les deux hommes et même parvenant à les séparer. Lors d'une interview qu'on lui accorde quelques heures après le massacre, il répond regretter la disparition d'un ami, mais 《 un ami qui à un moment de sa vie a pensé à nous liquider》. La population semble être brisée en recevant la mauvaise information. De nombreuses manifestations pacifiques se produisent partout dans la capitale. 《 Le héros 》était assassiné et on ne savait pas pourquoi. Sankara avait dirigé le Burkina Faso avec une vision socialiste radicale, cherchant à moderniser l'économie et à améliorer les conditions de vie de la population. Il avait nationalisé les terres et les industries clées, et avait lancé des programmes ambitieux pour l'éducation, la santé et l'égalité des sexes. Cependant, sa politique radicale suscite des critiques de la part de certains secteurs de la société burkinabè, ainsi que de pays étrangers, notamment la France. Après le coup d'État de 1987, Compaoré a pris le pouvoir et a rapidement mis en place un régime autoritaire. Il a annulé les réformes sociales et économiques de Sankara, rétabli les relations avec la France et s'est engagé dans une politique étrangère plus favorable à l'Occident. Son régime a finalement été renversé en 2014 lors d'un soulèvement populaire, mettant fin à près de 30 ans de pouvoir. Que valaient les idées de putsch de Traoré et Compaoré ? N'étaient-ils pas motivés par des intentions personnelles et même l'appui de leur force ou des ennemis de ceux qui aspiraient à rompre avec l'occident ? Bien d'autres putsch en sont un exemple. Des intérêts personnels et des rivalités politiques qui brisent brusquement un rêve qui se réalisait.
Quelles solutions ?
Donner des solutions contre les putsch en Afrique consiste à revenir simplement à ses causes. Je donnerai le soin au lecteur d'analyser pertinemment les causes pour pouvoir en tirer des solutions. Car dicter des solutions ne seraient que de prétendre répondre aux questions que nous posent ce mal dans des circonstances peut être nécessaire. Mais cela n'empêche que j'apporte ma pierre à l'édifice sur trois points: -La bonne gouvernance: Que les dirigeants élus par le peuple cessent par leur malhonnêteté de décevoir celui-ci. Être chosi par toutes les catégories d'âge ou de sexe est un honneur et une responsabilité imminents que l'on ne saurait saboter. Que ceux qui sentent qu'ils ne peuvent être à la hauteur au pouvoir s'écartent du chemin de ceux qui en ont la ferme volonté et la capacité. Que les coups d'états constitutionnels cessent et que cette forte envie de faire du pouvoir son gagne-pain ne contribue à instaurer un désordre social. Je tiens par-là à faire un rappel des faits à Allassane D.Ouattara et Macky Sall. Un rappel d'histoire à Alpha Condé. Une immaturité politique qui occasionne immédiatement un désordre ! - La jeunesse: Que cette actuelle jeunesse africaine sache quoi faire pour l'avenir de ce continent. Qu'elle arrête de percevoir la politique comme un crime, et que ceux qui ont choisi la voie de la politique, l'étudient en fonction de nos réalités. Je reviens sur ces propos d'Ousmane Sonko: 《 Si vous ne faîtes pas bien la politique, les médiocres le feront à votre place》; que cette jeunesse ne se laisse influencer négativement par le système du colonisateur. Il est de son devoir de s'informer, s'auto-former et sensibiliser. Qu'elle cesse le conformisme quand il s'agit d'une prise de décision radicale, en un mot de faire le mouton avec la meute sans savoir où on va. Cherchons plutôt à savoir ce qu'on nous cache au lieu de se contenter de ce qu'on voit. Bref, nous sommes hier, aujourd'hui et demain. - L'ingérence étrangère dans les affaires qui nous concernent: Les gouvernements étrangers devraient s'abstenir d'interférer dans les affaires intérieures des pays africains. Leur ingérence illégitime et paradoxale animée d'un sentiment de paternalisme créé un climat de désordre politique et social. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne sont plus pour la France, ils sont pour eux-mêmes et pour l'Afrique.
À la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) :
Il y a de cela quelque jours, un putsch a eu lieu au Niger, mettant fin au régime de Mohamed Bazoum. Les organisations internationales n'ont pas manqué de se manifester concernant ce geste de la part des militaires. Des communiqués de condamnation du coup d'état ou encore de tentative de coup d'état sont publiés, notamment pour la France, l'union européenne, les États-Unis d'Amérique, la CEDEAO. Cette organisation après un sommet extraordinaire avec des dirigeants de ses pays membres prennent des sanctions sévères contre le pays et les putschistes et serait même prête à intervenir militairement pour un retour à l'ordre constitutionnel en remettant au pouvoir Bazoum. Un ultimatum est alors même lancé. Quelques jours plus tard, des pays font une prise de position de défense aux côtés du Niger et certains même sont prêts à s'allier à lui militairement en cas d'intervention. Je rappelle alors à cette organisation qu'à travers ces actes de solidarité de la part de certains pays du Sahel, qu'en voulant préserver de toutes les manières sa légitimité, elle risque de la perdre. Qu'elle sache que si une alliance se forme déjà contre son idée d'intervention militaire, elle perd considérablement une bataille qu'elle penserait remporter. Le peuple nigerien est déterminé auprès des putschistes, donc un soutien de la population est observé. Ce qui signifie que le régime de Bazoum regorgeait un mal profond que le peuple digérait en silence. Donc une intervention militaire dans un pays déjà abattu par l'insécurité et la misère serait plus que catastrophique. Car ce ne serait pas une opération militaire contre une minorité de militaires ou l'armée, mais plutôt contre une nation entière. J'aimerais par-là rappeler à cette organisation, son échec dans la guerre civile du Libéria, de la Sierra Leone et la Guinée-Bissau en voulant 《rétablir la paix》; ensuite un rappel de ses conditions d'intervention militaire adoptées en 1999 avec pour objectifs:
-D’observer et superviser les cessez-le-feu;
-De maintenir et construire la paix;
-D’effectuer des interventions humanitaires;
-D’effectuer des déploiements préventifs;
-De désarmer et démobiliser les forces armées non régulières.
Nous voyons bien que le cas du Niger n'émane d'aucun de ces objectifs ci-dessus. La dernière ? Non, certainement. Les nouvelles autorités du Niger peuvent être illégitimes selon la constitution du Niger, mais pas celle de la CEDEAO. Et d'ailleurs, elles ont le soutien du peuple. Si les forces armées régulières veut dire des forces armées rebelles ou des milices clandestines. Nous voyons bien aussi que ce n'est pas le cas.
Pourquoi avoir écrit ?
J'étais d'une manière obligé d'écrire sur ce qui se passe dans ma région, le Sahel. Un cas plus que préoccupant, il concerne l'avenir de tout un continent, toute une génération. Voici les problèmes sur la table, que faut-il faire, je pense que certains savent déjà ce qu'ils font ou veulent faire. Mais je suis sûr d'une chose, l'histoire de l'Afrique semble être un château de sable, des mains habiles le construisent, une pluie inattendue l'anéantit. Cela n'est pas une malédiction. Reconstruisons, protégeons-le avec un hangar solide en faisant appel aux plus jeunes, que chacun mette sa main à la pâte pour la survie du château. L'avenir de l'Afrique est merveilleux. Qu'Allah assiste ! On y arrivera ! Force au peuple!
Mohamed Yves Diarra
Remerciements:
Mohamed Lamine Dembélé
Mariam A. Maïga
Kadidiatou Diarra
Korotoumou Diarra
Pour leur encouragement pendant la rédaction de l'article.





Courage frérot le chemin est long et tortueux mais on y arrivera ensemble ☝🏾
RépondreSupprimerCourage frère
RépondreSupprimerCet article mérite d'être lu par toute l'Afrique !
RépondreSupprimerMerci pour la clairvoyance !
Courage Ives Mohamed
RépondreSupprimer