La saison des gueules sans langue et des corps sans tête
Silence. Le mutisme cruel du monde. Il reçoit des oignons qu'il pense ne pas avoir à s'en occuper.
Enfin
La haine fait violemment l'amour au monde
Les cœurs n’ont jamais connu une douleur si féroce
Quoique ce qu’apporterait une pluie en ce jour
Elle ne peut récurer la terre de cette profane souillure
Malheur. Le malheur est à l'Afrique. Elle est un «tiers-monde». Elle n'a que recommencé à rejouer sa tragédie : La saison des gueules sans langue et des corps sans tête.
Les tonnerres peuvent hurler
Leur rage s’écrasera en vain
Dans l’abysse d’une conscience barbare et inculte
Des âmes n’avaient pu finir de murmurer leur prière
Qu’elles fussent en agonie
Des mémoires qui ruminaient leur souvenir
Regrettant les jours qu’elles auraient pu vivre
Furent crachées et fracassées au sol par ce qui les contenait
Le synopsis : On ne parle pas de génocide ni d'invasion pour ce tiers monde. Mais on fait plutôt croire à une guerre civile, une attaque terroriste ou une exaction militaire.
La cruauté rie au nez de l’amour
La justice a tort, la violence a raison
Du bruit ! Il joue ses notes
Les corps s’égrènent dans une danse malheureuse
Tels des derviches tourneurs
Avant de s’écrouler dans l’accalmie qu’ils suppliaient
Dans cette tragédie, les comédiens doivent tout au long rappeler aux spectateurs du monde qu'ils ne sont pas obligé de se déchirer la voix et de brandir des pancartes comme ils l'ont fait pour d'autres.
Puis le silence.
Sous son poids
L’aiguille se brise dans l’horloge
Le sablier de l’instant se lézarde
Et laisse glisser sa maigre substance
Plus rien ne reste
Plus rien ne se fait entendre
Si ce n’est le souffle du miracle
L'élégie du chagrin
Et les lamentations d’une humanité qui chute
Goma et El Fasher hurlent, on ne les entend jamais, car elles ont une gueule sans langue.
Photo : Seydou Kéita







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